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jeudi 15 août 2019

Un jardin de curé pour partager la Création - L’Expérience de la paroisse Saint-Pierre de Cholet (49)




crédit photos : Pierre Boureau



Un banal terrain en friche s'est métamorphosé en luxuriant jardin de 600 m², aux plus de deux cent espèces végétales. Il aura fallu une quinzaine d'années de travail et une rencontre entre un prêtre et un jeune retraité pour en arriver à ce résultat. Récit de la renaissance de ce jardin de curé, situé à l'église Saint-Pierre de Cholet (Maine-et-Loire).

En 2004, Paul Vincent, alors curé de l'église Saint-Pierre de Cholet, demande à Pierre Boureau, éducateur sportif à la retraite, de venir sur ce terrain municipal à l'abandon pour « le nettoyer de fond en comble. » Pierre Boureau accepte. De façon totalement bénévole, il arrache les plantes inopportunes, loue une charrette, se met en contact avec un groupe agricole d'exploitation en commun (GAEC) spécialiste des questions horticoles. «  Cette expérience m'a permis de renouer avec mes origines paysannes, de me remémorer la culture des plantes que m'a transmis ma mère » concède-t-il. Transformer cet endroit selon les critères d'un jardin de curé devient alors une évidence pour lui.

Un jardin de curé simple, utilitaire et fonctionnel
Le terrain est segmenté en quatre parcelles, quatre comme les Évangiles. Ces parcelles sont disposées autour de haies de buis, élément de base pour tout jardin de curé digne de ce nom, car il bénéficie de propriétés protectrices et symbolyse les cycles de la vie. Le jardin est également conçu selon sept principes. On y trouve des plantes potagères, médicinales, aromatiques, symboliques, d'ornement, de la vigne et de l'eau. Sauge, thym, jasmin d'hiver, potiron, cerisiers, iris… Ce sont plus de 200 espèces végétales qui cohabitent dans cet espace de biodiversité.
« Dans ce lieu situé en plein cœur de ville, le calme et le silence sont très surprenants, savoure Pierre Boureau. Je vis de longs moments d’observation, de réflexion. L'endroit invite à la méditation. Pour moi, entretenir ce jardin est un retour à la terre, un moment de respect, de Création. » Un espace qu’il partage avec d’autres, comme René Gouffier, ancien jardinier de la ville de Cholet, qui a rejoint le projet en 2014 et apporte toutes ses compétences. Mais surtout avec la paroisse.
Partages
Les semences sont récupérées au hasard de balades dans la nature et d'échanges avec des paroissiens ou des proches. Toutes les semaines, les personnes chargées de la décoration de l'église viennent s'approvisionner en fleurs, en fonction des temps liturgiques, de la symbolique des couleurs des fleurs, et au gré des saisons. Par exemple le lys blanc coïncidera à l’Ascension, la rose à l’Assomption, le chrysanthème violet à la Toussaint. Quant aux fruits et légumes, ils sont récoltés par les prêtres eux-mêmes, pour leurs repas. Des visites y sont organisées par l'office de tourisme de Cholet faisant découvrir anecdotes, légendes et vertus à propos des espèces végétales. Toujours dans cet esprit de partage, Pierre Boureau a rédigé un fascicule, « C'est quoi un jardin de curé ? ». De quoi sensibiliser touristes, paroissiens, voisins.

Eglise verte
La paroisse de Saint-Pierre de Cholet est engagée auprès du label Église verte. Officiellement lancé le 16 septembre 2017, ce label existe grâce à l'implication de treize structures - religieuses, solidaires et environnementales. Son ambition est de valoriser les communautés chrétiennes engagées dans une oeuvre de conversion écologique, préparant avec foi l'émergence de nouveaux modes de vie. Grâce à un éco-diagnostique consultalbe en ligne, les paroisses évaluent leur démarche écologique. Et en fonction de cette évaluation, elles sont distinguées par l'un des cinq niveaux de labels : Sénevé, Lys des Champs, Cèpe de Vigne, Figuier, Cèdre du Liban. À ce jour, sur un total de 168 communautés chrétiennes investies dans la démarche, aucune ne s'est encore vue attribuée le niveau le plus élevé. 
 
Bien plus que du jardinage
Pendant sept ans, jusqu'à fin août 2018, le père Jean-Marie Gautreau – actuellement délégué épiscopal Foi et Cultures du Diocèse Angers – a été curé de Saint-Pierre et de Notre-Dame de Cholet. Il aime ce jardin, caché derrière de hauts murs, donnant une vue originale sur une partie spéciale de l'église. Il voit dans l'existence de ce jardin une mise en action concrète de l'encyclique Laudato Si’ : « Le pape François nous demande une conversion écologique intégrale. À chacun sa petite goutte, pour permettre l'avènement d'un autre monde, avec plus de simplicité, plus de vie. Et donc pour une paroisse, il s'agit de valoriser ce qu’elle a (pour nous, il s'agit d'un jardin de curé… ), d'accepter de se mettre en route. »

Thomas Masson
Les Cahiers Prions en Eglise (Cahiers 262 – Pentecôte 2019)



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