La politique de la maison :

Ici, pas de copié-collé, tout est du 100% rédigé.
Une attention particulière est portée sur la région Ile de France et sur le département des Yvelines.


jeudi 24 mars 2016

Un documentaire qui prône l'éducation bienveillante projeté à Chambourcy

L’Odyssée de l’empathie” est un film d’investigation sur la violence éducative ordinaire et la parentalité positive. A travers la neuroscience, le témoignage de 15 personnalités, la présentation d’initiatives, ce documentaire est une plaidoirie pour la bienveillance envers les enfants. Ce film est déjà un succès puisqu’il a été diffusé dans près de 26 villes de France et financé de manière participative à hauteur de 50 000 €. Mario Viana, chef-monteur, et Michel Meignant, médecin et cinéaste-ethnologue, amis depuis 20 ans, ont coréalisé “L’odyssée de l’empathie”, leur 9e film scientifique. Entretien avec Mario Viana.


 

Thomas Masson : Pour quelles raisons avez-vous coréalisé ce documentaire ? 


Mario Viana : Avec Michel Meignant, nous faisons des films dits scientifiques, depuis une vingtaine d’années. Un jour Michel m’appelle et il me dit « as-tu entendu parler de ce chiffre officiel : 700 enfants meurent chaque année en France des suites de violences familiales ? ». Je n’en savais rien ; pour moi c’était trop énorme, impossible. Du coup nous nous sommes dit que nous devions réagir.
De là est venue l’idée de réaliser le film L’Odyssée de l’empathie.  Nous avons commencé nos recherches pour comprendre pourquoi les Hommes sont si violents que ça, à l’aide des neurosciences. Grâce à cette approche scientifique, tout change : nous allons au-delà des systèmes de croyances.
Ce film est distribué et financé de manière participative : nous avons récolté près de 50 000 euros sur une plateforme de financement participatif. Nos donateurs ont ensuite permis la diffusion de ce film dans plus de 26 villes. Après chaque projection, Michel Meignant et moi-même sommes là pour participer aux débats. Cela fonctionne très bien depuis le début, novembre 2015.


T.M : Quel est le message de votre film ?


M.V: Il est double : expliquer pourquoi on est si violents et démontrer les façons d’arrêter cette violence éducative ordinaire, à l’aide d’une parentalité positive, d’une éducation bienveillante. Ce changement, ce comportement non-violent, peut commencer pour un enfant dès sa période in utero.
Mathieu Ricard, Pierre Rabhi, Catherine Gueguen, Isabelle Filiozat, et d’autres intervenants,  témoignent que le changement est possible. En étant des parents bienveillants, l’enfant sera à son tour bienveillant envers lui-même et les autres. Avec cette parentalité, on n’est plus dans la domination, mais dans l’empathie, le réconfort, le partage.
Elever nos enfants dans la bienveillance, sans pour autant qu’il soit considéré comme un enfant roi, lui permet de sécréter de l’ocytocine (un neuromodulateur, une chaine d’acides aminés, ndlr) dite « hormone de la bienveillance ». Cela aura des conséquences positives pour lui, pour l’adulte qu’il deviendra, pour ses parents, la nature, etc. Cette éducation déclenche véritablement un cercle vertueux.
Il faut donc absolument éviter toute violence physique et psychologique, sur les enfants. Malheureusement, cela est encore autorisé par la loi française, les parents ayant un droit de correction. C’est très important de savoir que 48 pays dans le monde, dont 29 en Europe, ont déjà voté des lois pour protéger les enfants de punitions corporelles. La France est en retard sur ce point. Sur ce sujet, notre film est militant, basé sur le désir de faire changer la législation française sur les violences éducatives faites sur les enfants. 


T.M : Quelles initiatives avez-vous mises en avant pour démontrer les vertus d’une parentalité positive ?


M. V : Lors de notre film d’investigation, nous sommes allés en Namibie, voir le peuple des Bushmen, vivant de la chasse et de la cueillette.  Ils sont dans un schéma complètement altruiste. Ils n’ont pas de police, ni de chef. Chez-eux, le mot orphelin n’existe pas, ils ne savent pas ce que cela veut dire. Quant on leur a demandé s’ils frappaient les enfants, ils ne comprenaient pas ce que nous leur demandions et trouvaient que notre question n’avait pas de sens.
Nous sommes aussi allés au Congo, étudier les bonobos. Ces singes sont paisibles et non infanticides, contrairement aux chimpanzés. Les bonobos vivent dans une grande harmonie. Leur particularité c’est qu’ils fonctionnent selon une société matriarcale.  
Nous montrons l’école de Sophie Rabhi-Bouquet. Elle a une classe unique pour le primaire et une classe unique pour le collège. Dans cet établissement, il n’y a pas de note, ni de punition. Les enfants y ont une plus grande liberté d’apprentissage. Cela leur n’empêche pas d’obtenir des bons taux de réussites.
L’odyssée de l’empathie est une petite goutte d’eau. J’espère juste que ce film permettra de réveiller les consciences et faire changer les mentalités. Ce serait déjà énorme.


Thomas Masson
@Alter_Egaux

vendredi 18 mars 2016

A la découverte des cafés Pfaff


Le 18 et 19 mars 2016 se sont déroulées les journées du café, chez le torréfacteur Pfaff, situé à Triel-sur-Seine. Grâce à trois ateliers, la centaine de visiteurs est repartie avec de bonnes bases pour faire et déguster un bon café.



                                 

Crédit photos - Thomas MASSON

 


Jeudi 18 mars – Aux environs du 40, avenue de Poissy de la ville de Triel, s’échappe une agréable odeur de café. Cela ouvre les narines et éveille les papilles. Pas de doute le torréfacteur Pffaf, artisan en cafés haut de gamme, est à l’œuvre. Pas de temps à perdre, direction le premier atelier de cup tasting, où le café sera dégusté comme du vin.


Dégustation éducative
Six cafés provenant du monde entier sont présentés dans des corbeilles. Ainsi le public peut voir les différences de grains et de couleurs. A l’aide d’une cafetière à piston, les cafés sont préparés et servis dans des tasses. L’occasion pour les animateurs de commencer leur cours : il faut moudre le café au dernier moment, doser au minimum 10 g de cafés pour 100 mL d’eau, utiliser de l’eau faiblement minéralisée et non portée à ébullition. Le public est ensuite invité à sentir chaque tasse de café, à la façon d’œnologues. Les testeurs d’un jour cochent des cases sur une feuille : odeur de paille, d’herbe, de chocolat, de pain grillé, de caoutchouc, etc. Les vendeurs de chez Pfaff, recueillent les avis et surtout, ils révèlent à la surprise du public d’autres arômes contenus dans les cafés : notes de pêche, vanille, caramel et noisette notamment. 
Une fois que chaque café à été minutieusement senti, vient la phase de dégustation. Marie, animatrice de l’atelier et membre de l’équipe de Pfaff, montre l’exemple. Elle plonge une cuillère à soupe dans une tasse et aspire bruyamment le contenu, comme s’il s’agissait d’une soupe. Cette technique permet de déterminer, l’amertume, l’acidité et la longueur en bouche de cette boisson chaude et noire. 


Préparer un café : une science exacte et de l'art
Le deuxième atelier consiste à bien préparer le café : le moudre, peser et chauffer, selon des dosages bien précis. C’est Emmanuel Buschiazzo, 36 ans, qui anime cet atelier, dédié à la connaissance, préparation et au service du café. Cet ancien biologiste s’est reconverti il y a trois ans au métier de barista, par passion. Pour lui, « le café ne s’improvise pas. Il faut bien savoir en parler et s’en occuper, en fonction des origines du produit, des saisons, des machines utilisées, etc.».
Il explique que les bonnes machines à expresso contiennent deux chaudières : l’une pour produire le café et l’autre pour produire de la vapeur. Il souligne qu’une bonne machine permet de régler la température : « Un bon café doit-être chauffé entre 88 et 93 degrés. Au-delà, cela va limiter les palettes aromatiques que l’on peut obtenir du café.» Puis il conseil d’utiliser une balance, le café étant une recette qui ne s’improvise pas ! Pour cet atelier, Emmanuel Buschiazzo est parti sur un dosage de 17 g de café. Avec un geste assuré, il tasse son café, afin d’avoir une préparation plate et homogène. Il enclenche ensuite la machine à expresso. Il choisit d’extraire son café pendant 34 secondes. Après cette présentation technique, quasi-scientifique, les participants sont invités à regarder la préparation : la crème brune, dite crema, est épaisse, persistante et tigrée. Le public prend note de ce résultat.
Dans la seconde partie de cet atelier, Emmanuel Buschiazzo transmet ses connaissances sur le latte arte, ou l’art de décorer un café avec une mousse de lait. Il décortique en particulier les bons gestes du poignet et la bonne utilisation de la buse à vapeur. Pour ce barista, « le visuel du latte art est très agréable et très vendeur. On va apporter un sourire au client quant il verra un cœur ou une fleur dans la tasse. »


Meilleur torréfacteur de France
Le commerce Pfaff est géré par Joris Pfaff. Il a repris cette boutique, créée en 1930, précédemment tenue par son grand-père et par son père. En 2014, Joris Pfaff a reçu la distinction de meilleur torréfacteur de France. Il introduit son atelier par ces propos : « C’est très important pour nous de proposer des cafés de tous les jours et des cafés grands crus, hors du commun. Nous sommes exemplaires sur la qualité des produits sélectionnés. » 


A l’aide d’une tablette numérique, il montre des photos d’exploitations de caféiers et les différents modes de travail. Il explique qu’il faut 7 à 8 passages à la main pour récolter l’intégralité des cerises rouges des caféiers et que les meilleurs cueilleurs ramassent 50 kg de café par jour. Joris Pfaff insiste sur l’accessibilité du café : « Par rapport au travail qui est fait et à sa qualité, ce produit est le plus abordable du monde. C’est la boisson la moins chère, juste après l’eau.» Mais il prévient que cela va changer, dès que le salaire moyen des cueilleurs de 250 $ par mois progressera. 

Au commencement, le feu
Lorsque Joris Pfaff entame sa démonstration de torréfaction, il rappelle l’historique de cette technique. Selon son récit, un berger remarqua en 850 de notre ère que les cerises de café avaient un effet stimulant sur ses chèvres. Il aurait amené ces cerises au monastère le plus proche, pour aider les prieurs à tenir toute la nuit. Le responsable du monastère y aurait vu un produit diabolique et il les aurait jetées au feu. Tous les moines se seraient rassemblés autour de cette agréable odeur de  torréfaction involontaire. Au fil du temps la technique s’est améliorée.


Chez Pfaff, la torréfaction se fait par convection et conduction. Chaque café aura ensuite un profil de cuisson spécifique, selon son origine, selon qu’il soit préparé avec une machine expresso ou à filtre. En moyenne, le café est cuit 17 minutes. Ensuite il est refroidit. « C’est en cela que le métier de torréfacteur est hyper complexe. On se doit d’être précis » affirme Joris Pfaff. Par mois, l’établissement torréfie 7 tonnes de cafés.


A la fin des ateliers Joris Pfaff tient ces propos : « Les clients en ont assez de boire du mauvais café. Pour cette raison nos ventes explosent. Notre équipe de 15 salariés va se renforcer de deux personnes, nous allons ouvrir une entité sur Paris et nous allons ouvrir un autre atelier de fabrication de 1 000 m² sur Villennes-sur-Seine. C’est important pour nous de rester implantés sur les Yvelines et de proposer des produits made in 78. » 


La plupart des participants sont repartis avec le sourire, des connaissances, des sachets de cafés et quelques uns avec des machines à expresso.


                                                                                                                      Reportage de Thomas Masson
 

Pour en savoir plus :
Café Pfaff  - 01 39 74 82 69 – 40, avenue de Poissy - 78510 Triel-Sur-Seine
http://cafe.cafes-pfaff.com


mercredi 2 mars 2016

Une génération Y avide de l'économie du partage



Mathilde Gaudéchoux est une journaliste de 29 ans. Elle a publié le 26 août 2015 le livre Ma ville à deux balles, génération débrouille, coréalisé avec la photojournaliste Sophie Brändström. Avec cet ouvrage, le lecteur est plongé dans l’économie du partage, en suivant les parcours de vie de jeunes de la génération  Y.



 


Comment les protagonistes du livre incarnent la débrouillardise, au sein de la civilisation du partage ? 


Mathilde Gaudéchoux : Thaïs croit en l'économie collaborative, à la puissance et à l’efficacité des réseaux sociaux et au fait de se réapproprier le temps et la matière. Dans son quotidien elle fait attention à mieux consommer, à gommer les intermédiaires et à faire par elle-même. Par exemple, elle fabrique ses vêtements, ses crèmes, ses produits d’entretien ménagers, etc.


L’idéal de Kevin, c'est la liberté. Il concrétise ça surtout au travers du logement : il ouvre des squats et y habite avec d'autres personnes. Il partage son savoir-faire dans la rénovation des lieux et dans l'organisation des évènements, tels que les soirées poésie. Kevin connait aussi les boulangeries, les magasins, les marchés qui donnent les invendus.


Thomas est axé sur le développement durable. Il a créé une association pour mener à bien son projet de cinéma solaire, un cinéma ambulant qui projette des films sur l'écologie. Il utilise beaucoup les réseaux sociaux, le crowdfunding pour pérenniser son projet. 


Mickael est un super bricoleur qui récupère plein d'objets. Jenifer et son copain viennent de déménager dans une maison dans le Lot, afin de construire un éco-village. Manon et Pierre vivent dans une yourte. Comme Romain, ils pratiquent  l’échange de savoir-faire et la mutualisation des ressources. Par exemple ils se disent : « Tu sais faire du pain, moi je sais cultiver des tomates. Ca tombe bien, on échange ! ». 

Pourquoi avoir écrit un livre sur une génération Y précaire, créatrice et utilisatrice d’une économie de partage ?


Sophie Brändström a réalisé en novembre 2013 le web documentaire Ma vie à deux balles. Il creusait cette thématique de l’économie collaborative par les expériences de jeunes dans la précarité. J’ai contribué à la rédaction des portraits de ces jeunes. Par la suite, la maison d’édition Les liens qui libèrent nous a contactées, afin d’approfondir la question. Cela nous a pris deux ans pour mener cette enquête. Le livre Ma vie à deux balles est un plaidoyer pour se créer un réseau social, aller vers l’autre et entreprendre avec autrui. 

 

Mathilde Gaudéchoux, co-auteure du livre Ma vie à deux balles, Génération débrouille - ©Thomas Masson



Pendant l’écriture de ce livre, j’ai rencontré beaucoup de jeunes très créatifs et débrouillards. Quand on n’a pas beaucoup d’argent, il faut compenser par plein d’idées ! Beaucoup d’ entre-eux mettent en œuvre les préceptes de Pierre Rabhi, au sujet de la sobriété heureuse et de la simplicité volontaire. Ces jeunes ralentissent, ils prennent le temps de cuisiner, de bricoler, etc. Ils pratiquent une forme de décroissance volontaire. 


Je crois beaucoup au fait d’avoir une vie plus simple, de consommer d’une manière responsable. Je crois aussi beaucoup à la gentillesse, à l’ouverture aux autres : en rendant des services on reçoit en retour, les gens égoïstes s’isolent d’eux-mêmes. La rencontre également est cruciale, elle peut changer tout un parcours. 

Que retenez-vous de cette génération Y, de leur monde collaboratif ?


C’est difficile de faire un portrait-robot type de la génération « Why ? ». Mais il existe un socle commun : un besoin de liberté sans doute plus important que pour les générations précédentes ; l’envie de trouver du sens dans ce qu’ils entreprennent et de reprendre les rênes de leurs vies. Ils font cela, quitte à renoncer au confort et à un salaire élevé, cela porte un nom : le job-out.  Cela montre que ces jeunes s’écoutent d’avantage et qu’ils prêtent moins d’attention à faire des choses uniquement pour être bien vus. Ce sont des jeunes qui sont dans la construction de soi. 


Il est frappant de constater que les jeunes d’aujourd’hui choisissent délibérément de vivre dans cette société de la débrouille. Contrairement à leurs ainés, ils en tirent plus une situation positive. Ils ne subissent pas la précarité et sont extrêmement créatifs. Je parle bien sûr de jeunes dans une précarité intermédiaire, c'est-à-dire pas ceux qui sont dans une situation de grande exclusion. 

Quel est le lien entre les réseaux sociaux et l’économie du partage ?


En ce qui concerne l’économie du partage, elle existe depuis tous les temps. L’utilisation de cette économie est viable à partir du moment où elle répond à des besoins simples et essentiels, comme se nourrir, se déplacer ou se loger. Elle a toujours existé, mais à une échelle plus locale. Je pense notamment au SEL, système d’échange local, qui permet d’échanger des objets et des services entre voisins. Ce mouvement est apparut en 1930 dans une petite ville d’Autriche.  Aujourd’hui, le principe est repris par Talentroc et Mon petit voisinage par exemple.


Depuis l’essor d’Internet, on part d’une pratique qui existe depuis toujours et on la calque sur les réseaux sociaux. Cela permet une diffusion plus large. Avec les réseaux sociaux on change d’échelle, on sort du cercle local et amical. La génération Y, ultra-connectée, utilise beaucoup l’économie du partage. Et c’est encore plus le cas pour la génération Z. Après, les réseaux sociaux sont juste un outil. Le plus important reste la rencontre réelle, basée sur la confiance. La génération Y est capable d’aller dormir chez des inconnus en louant un logement sur BedyCasa. Elle fait aussi des trajets avec des personnes qu’elle n’a jamais vues avant, en utilisant Covoiturage-libre.fr par exemple. 


Avec cette économie collaborative, on prend plus le temps, on fait des économies et on peut rencontrer des personnes. Après, cette économie n’est pas qu’une économie ‘Bisounours’. Elle répond à des besoins concrets, dans une logique de gagnant-gagnant.  

Thomas Masson
@Alter_Egaux