La politique de la maison :

Ici, pas de copié-collé, tout est du 100% rédigé.
Une attention particulière est portée sur la région Ile de France et sur le département des Yvelines.


samedi 25 avril 2015

La Maison Fournaise – le toit de la Belle Epoque



Quel est le point commun entre Maupassant, Renoir, Malraux, Jack Lang et Caillebotte ? C’est un lieu, ou plutôt une maison classée à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Reportage sur la Maison Fournaise, située à Chatou, dans les Yvelines. 


Photo de l’entrée principale de la Maison Fournaise – crédit photo Thomas MASSON


 
Tout autour, la Seine clapote. Les cygnes naviguent majestueusement. Les poules d’eau entonnent leur chant dépaysant. Mais rien n’y fait rien. Il n’y en a que pour cette maison, une énigmatique et magnétique bâtisse située rue du Bac à Chatou

Les promeneurs sont intrigués et scrutent cette bâtisse. C’est d’abord son balcon en fer forgé qui capte l’attention. Peut-être parce qu’Auguste Renoir y peignit un chef d’œuvre. C’est ensuite la façade principale qui aimante irrésistiblement le regard. Des peintures pittoresques de militaires, d’ânes, d’hommes en costumes, une servante, un même individu représenté à des âges différents, sont disséminés ci et là. D'après l' une des légendes du lieu, ce serait Guy de Maupassant l’auteur d’un de ces dessins. Toujours captivés, la vue en alerte, les curieux peuvent lire l’inscription « Hôtel – A. Fournaise – Restaurant » gravée dans la pierre. 

Musée


D’un pas décidé, poussés par l’envie de connaître l’histoire de ces murs, on pénètre dans le musée. Contre six euros, on bénéficie alors d’une visite guidée qui nous fait basculer dans l’univers des impressionnistes, du canotage, des bals, des fêtes, des baignades, de la famille Fournaise. On contemple des tableaux de Renoir, de Derain, de la céramique de Vlaminck, des portraits de Maupassant, une vieille yole en acajou,...

La guide-conférencière nous replonge dans une époque où « on pique-nique en plein-air, on se baigne, on pêche. On chante, on rit, on danse. On fait la fête. On pratique le canotage, qui est un sport très en vogue. Les femmes s’émancipent. Elles oublient les convenances de la capitale et elles s’amusent ! ».

Tout cela fut favorisé par l'inauguration (le 24 août 1837) de la première ligne ferroviaire construite au départ de Paris, et la première de France destinée au transport de voyageurs. Grâce à cette ligne (qui partait de la gare Saint-Lazare, destination Le Pecq), les Parisiens pouvaient atteindre la banlieue ouest et les villes en bord de Seine en trente minutes ! Cela changea des nombreuses heures en cheval. Du coup, cela favorisa fortement l’essor des premiers loisirs !

La famille Fournaise


La guide du musée s’arrête quelques instants devant le portrait d’un homme à moustache et fumant la pipe. Il s’agit d’Alphonse Fournaise, peint par Renoir. Issu d’une famille de marins, marchands de bois, charpentiers et aubergistes, il acheta en 1857 une maison sur l’île de Chatou.  Lui-même charpentier, il comptait profiter de l’engouement pour le canotage et pour les week-end en bord de seine.

Alphonse Fournaise, par Renoir - crédit Les Amis de La Maison Fournaise


Il ouvrit donc un garage pour construire, vendre  et louer des canots. Son affaire prospéra rapidement. Il ouvrit un an plus tard un restaurant.  Il mobilisa sa famille : Louise, sa femme, va aux fourneaux ;  sa fille, Alphonsine, devient serveuse ; son fils, Alphonse-Hippolyte, gère les relations avec les clients. En parallèle, il organisait des joutes nautiques, très prisées.


Les fêtes des environs de Paris - Les joutes à la lance, illustrée par Lancon et gravée par Moller - ©culture.gouv.fr



La réputation du lieu était très solide et à la mode. Madame Davy, présidente de l’association Les Amis de la Maison Fournaise (A.M.F), précise : « Tout ce que Paris avait de célèbre venait chez les Fournaise : des acteurs, des financiers, des journalistes, des artistes, des collectionneurs, des hommes politiques, etc

Beau monde


En arpentant les galeries du musée, on se rend bien compte des personnalités qui fréquentèrent l’établissement. Les impressionnistes Caillebotte, Degas, Monet, Manet, Berthe Morisot, Pissarro, Sisley, y sont venus, car « les rives de la Seine, autour de Chatou notamment, étaient propices pour capter les variations atmosphériques, la lumière et les mouvements du fleuve  » témoigne la conférencière du musée.

De tous ces artistes peintres, c’est Auguste Renoir qui fut le client le plus assidu. Pourquoi ? Il en donne les raisons : « J’étais toujours fourré chez Fournaise, j’y trouvais autant de superbes filles à peindre que je pouvais en désirer… » (source Haut lieu de l’impressionnisme à Chatou – La maison de Monsieur Fournaise). Son modèle favori ? Alphonsine, la fille du patron. Il fit au moins huit portraits d’elle. Était-elle belle ? Selon les témoignages de l’époque : non. Mais elle était une femme sensuelle, bien en chair, elle se savait admirée et ne cherchait qu’à plaire !

Outre la fille Fournaise, c’est la maison elle-même qui servit de décor à Renoir. Il y peignit les scènes de ses plus grandes œuvres : Danse à la campagne, Le Déjeuner des rameurs, La Seine à Chatou, etc. 

Le clou de la visite guidée est Le Déjeuner des Canotiers ( sa reproduction ; le tableau original est aux Etats-Unis). Ce tableau a été peint sur le balcon en fer forgé de l’établissement. Les amis de Renoir et certains habitués y figurent : l’inconditionnelle Alphonsine (appuyée contre la rambarde du restaurant), Alphonse-Hippolyte Fournaise (tenant la même rambarde), la future épouse du peintre (Aline Charigot, tenant un chien), Caillebotte et Paul Lhote pour ne citer qu’eux.


Le déjeuner des Canotiers de Renoir - crédit photo Thomas MASSON


Maupassant, amoureux de la seine, du canotage et des femmes, est quant à lui considéré comme la deuxième figure emblématique des lieux. Dans sa nouvelle, La Femme de Paul, il qualifia la Maison Fournaise de « phalanstère des canotiers ».  Il décrivit également Louise, la compagne de M. Fournaise, comme une « brave femme, entendue au commerce ». Quant au fils, il était aux yeux de Maupassant un « fort garçon à barbe rousse d’une vigueur célèbre »

Les vers de Maupassant - hall du restaurant Fournaise - crédit photo Thomas MASSON


L’écrivain français laissa d’ailleurs des traces de son passage dans le hall – sur le mur de gauche – du restaurant Fournaise. Il écrivit le 2 juillet 1885 des vers où il est question de caresses, d’ivresse, d’eau et d’un chien. 


Caricatures


Juste à côté du musée, le restaurant est toujours en activité. Autrefois, artistes, journalistes, intellectuels, acteurs, directeurs de médias et collectionneurs hantaient ce lieu. Ils y ont laissé une trace, prouvant leur esprit fin et satirique.

Près de dix mètres carrés de ses murs comportent des caricatures.  Les scènes croquées montrent des personnages qui ont un penchant pour la boisson, des indigènes noirs, des hommes en uniforme et abordent le soulèvement du Soudan contre la domination anglo-égyptienne. Ce qui fait dire à Mme Davy de l’association A.M.F « ces caricatures sont très politiquement incorrectes ! »

La roue tourne


Vers les années 1900,  la bicyclette fit son apparition, supplantant peu à peu la mode du canotage. La clientèle de la Maison Fournaise changea du tout au tout. La joyeuse animation d’autrefois disparaît. Peu à peu, l’établissement tomba en ruine. Madame Davy, présidente des Amis de la Maison Fournaise, l’affirme : « Le lieu était à l’abandon. Il y avait même des trafics de mobylettes. Et malgré la notoriété de ce lieu, il a été très difficile de convaincre pour sa rénovation ». 


La saga de la restauration


Cela aura nécessité un travail de longue haleine, démarré en 1943, pour éviter que la maison ne soit détruite au profit d’autres projets (de logements, d’autoroute, d’ateliers d’artistes, etc.). Madame Davy, également ancienne adjointe au maire, résume ce parcours du combattant : « Il aura fallu procéder à 20 ans de démarches administratives, fortement portées par Jacques Catinat, ancien maire de Chatou. Il aura fallu que d’éminentes personnes, comme Claude Mauriac, valorisent l’histoire de la maison. Il aura fallu solliciter à cinq reprises une  demande de classement du site.  Il aura fallu porter le dossier à des personnalités comme Malraux, Hélène Adhémar et Jack Lang. » 

Après d’innombrables péripéties, c’est en 1979 que la maison Fournaise est rachetée pour 400 000 francs (soit environ 61 500 euros), par la ville de Chatou. Le 10 juin 1982 est publié l’arrêté qui inscrit l’établissement à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Le 6 novembre 1990, le restaurant ouvre de nouveau ses portes au public. Le 24 octobre 1992, ce qui était le garage à bateaux de Monsieur Alphonse Fournaise est inauguré en musée. 

Photo prise depuis le restaurant de la Maison Fournaise. On y aperçoit le fameux balcon où Renoir peignit quelques tableaux – crédit photo Thomas MASSON
 
Encore songeurs, nostalgiques d’une époque artistique, tumultueuse et effervescente que nous aurions aimé connaître, nos regards scrutent à travers les vitres du restaurant. On y voit de près le fameux balcon où Renoir et consorts se sont tant amusés. Puis notre vue se lève vers la Seine si proche, où dorénavant des gens marchent, courent et où les péniches naviguent. Et de conclure avec Madame Davy  «  l’esprit du lieu, c'est l’art en perpétuel mouvement ! ».

Reportage de Thomas MASSON



N.B : un grand merci à Madame Marie-Christine Davy qui m’a accordé une bonne heure de son temps. Merci à cette dame, passionnée de culture, pour m’avoir offert le très instructif livre Haut lieu de l’impressionnisme à Chatou – La maison de Monsieur Fournaise.

Byron Katie, l'oracle du questionnement des pensées



Byron Katie va venir en France. C'est un événement ! Elle sera à Paris le 16 juillet 2015 pour animer, toute la journée, un atelier autour du développement personnel. Petite présentation de cette conférencière américaine mondialement connue.


Byron Katie - crédit Eden Keeper


Byron Katie, de son vrai nom Byron Kathleen Reid, est née le 6 décembre 1942, à Breckenridge au Texas. Vers la trentaine, elle a connu une grave dépression. Elle ne pouvait plus se laver les dents, s’habiller ou sortir de chez elle. Pendant deux ans, elle fut même incapable de quitter sa chambre, où elle dormait par terre, à côté de son lit. 

En février 1986, alors qu’elle était assise sur le sol, un cafard passa sur ses pieds. Il s’ensuivit une expérience d’éveil qui transforma sa vie. 

Depuis, cette femme aux cheveux blancs et aux yeux bleus, a tout d’une sage, voire d’une oracle. Elle déborde d’amour et voyage à travers le monde pour transmettre sa vision de la vie. Elle va dans des prisons, hôpitaux, églises, écoles, événements publics pour transmettre à des centaines de milliers de personnes sa méthode de connaissance de soi: « The Work of Byron Katie » ou « Le Travail ».
 
Compilations et présentation de ses interviews, conférences, dialogues pour comprendre qui est cette personne, drôle, à l’écoute et à la conscience éveillée.

Dépression


 « J’étais cliniquement déprimée, suicidaire, compulsive, agoraphobe. Il pouvait se passer des semaines, des mois, avant que je puisse quitter ma chambre.  Ce que je voulais surtout, c’était mourir, tout simplement. Je peux dire aujourd’hui que je connais ce qui est cause de souffrance et ce qui ne l’est pas. 

Expérience


Un jour, j’ai eu une prise de conscience. J’étais assise sur le sol. J’avais tellement la haine de moi que je ne pensais pas avoir le droit de dormir dans un lit. Un insecte – un cafard – est passé au dessus de mon pied. Et à ce moment, j’ai ouvert les yeux. Au lieu de toute cette haine, paranoïa, douleur, j’étais en contact avec un monde, que j’ai encore du mal à décrire. La chose importante, avec cette expérience, c’est la découverte de cela : « quand je crois mes pensées, je souffre » et que « quand je questionne mes pensées, la souffrance s’arrête ».

Byron Katie, en pleine animation de conférence - crédit ABM Foundation

Ce qui m’a permis de trouver la paix intérieure, c’est donc de remettre en question ce que je croyais. Le changement en moi a été si radical que mes amis, mes enfants, mon mari ne m’ont pas reconnue ! J’étais la même personne, mais toutes mes réactions étaient différentes.

Le Travail 

Depuis les années 1990, je voyage de par le monde et j’invite les gens à utiliser une démarche très simple et accessible à tout le monde - enfants, personnes âgées, prisonniers, etc. – et quelles que soient les appartenances religieuses, les croyances. 

Ce n’est pas un enseignement que je donne. Le Travail, c’est une investigation pour que les gens se réveillent eux-mêmes.  Le Travail, c’est la voie pour que le mental s’éveille. Même si cela peut faire très peur à l’égo. 

C’est une pratique d’observation de soi-même, afin de voir la cause de la guerre en soi. Ce qui nous faisait crier et cogner, devient simplement amour.

Ma recommandation aux gens qui se sentent seuls, c’est qu’ils se demandent de quelle(s) affaire(s) sont-ils en train de gérer ? Et cela les ramènera « ici, là, maintenant », où ils sont vraiment. C’est si simple ! La seule chose à faire, c’est « ici et maintenant ». C’est tout.  Le mental, ne fait que se souvenir et anticiper. C’est en dehors de « ici et maintenant ».

                       
                                    Byron Katie - Se transformer " The work " 1/5 par khalem-session


Rencontrez vos pensées avec compassion. Posez-vous des questions avec gentillesse, avec pardon. Restez tranquilles et laissez émerger la réponse à cette question. Soyez doux avec vous-même et expérimentez quoi qu’il surgisse. Cela peut transformer votre mental pour toujours.

Pensées

Le mental est divisé en deux : une partie est en guerre, dit « ce n’est pas juste » ; l’autre polarité est juste de la pure sagesse, « ça » comprend tout. Le Travail, c’est une investigation, comme un pont qui permet de passer d’un monde à l’autre. 

Nos pensées stressantes nous dictent nos actes. On devient des dictateurs quand avec nos têtes on essaie de contrôler le monde. Lorsque la pensée mène à la frustration, au stress, je demande aux gens de remettre en question leurs croyances.

                                
                                        Byron Katie - "Les préjugés" par Zara Whites

Le mental a produit une race humaine apparemment violente alors que notre planète est un endroit merveilleux. Ce sont nos croyances au sujet de la planète qui ne sont pas si merveilleuses. A chaque fois que nous n’aimons pas, que nous n’apprécions pas, nous sommes en guerre avec la véritable nature de « tout ». Le cauchemar, c’est quand nous sommes en guerre avec la réalité.

Nos pensées produisent le monde. Dès lors que nous aimons tout ce que nous pensons, nous aimons tout ce que nous voyons. Quand l’esprit cesse de se faire la guerre, c’est la fin de la guerre dans le monde. La vie est brillante et magnifique quand tu l’aimes, quant tu aimes ce que tu penses. Nos cœurs sont en vérité pur amour !

Lorsque l’on dit que seule la vérité nous libère, c’est totalement vrai. Les pensées stressantes sont celles qui contestent « ce qui est ». Toute personne qui se remet en question finit par comprendre ce qu’elle veut dans la vie.

Rêve

Aujourd’hui, j’aime toutes les pensées qui viennent à mon esprit.  Toutes ces questions sur mes pensées m’éveillent.  Ce que j’aime expérimenter, c’est : « est-ce que moi je te comprends ? » ; « puis-je t’écouter, être présente ? ».  

Toutes ces questions, ces émotions, deviennent un cadeau. Le monde est un monde de rêve. Et c’est un rêve magnifique. J’adore le partager avec les gens. La réalité a du bon ; contrairement à l’imagination. L’imagination, c’est le déni de la réalité ; elle n’a rien de confortable. »

Byron Katie sera à Paris le 16 juillet 2015. Les prix sont compris entre 50 et 85 euros. Plus de renseignements ici : http://www.byron-katie-paris-2015.com/

Thomas MASSON
@Alter_Egaux



Sources 

vendredi 24 avril 2015

L’École à la rescousse de la République

Les pouvoirs publics français ont saisi l’élan citoyen qui s’est manifesté le 11 janvier 2015. Depuis les attentats, des séries de réformes ont été enclenchées afin de sauvegarder la République meurtrie. En remettant au goût du jour l’enseignement à la citoyenneté au sein de L’École, les pouvoirs publics tentent de ré-enchanter toute la France et surtout de préparer les prochaines échéances électorales.

 

François Hollande est déterminé à sauvegarder les valeurs républicaines – crédit AFP

Dès le 13 janvier 2015, la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, lors de son discours « Mobilisons l’École pour les valeurs de la République », déclara : «Les attentats barbares ont frappé le cœur de notre République en visant ses valeurs essentielles (…). Il nous appartient maintenant de transformer l’émotion en force d’action (…). L’enjeu de la refondation de l’École est (…) de rendre à l’École sa mission et sa place de vivier de citoyenneté, capable de former des citoyens éclairés, de transmettre et de faire partager les valeurs de la République ».

Hollande, proviseur des écoles 


La ministre de l’Éducation nationale n’est pas seule. Bien au contraire elle est appuyée par un François Hollande plus déterminé que jamais. Le 21 janvier, lors de ses vœux à l’éducation, le président de la République a clairement donné le ton : « Il est des circonstances où l’importance de l’École apparaît encore plus décisive. C’est ce que nous vivons aujourd’hui (…). Tant de choses se jouent dès les premières années de la vie. L’École doit être un sanctuaire de civilité (...). Aucun incident ne sera laissé sans suite ». Il s’est même montré solidaire auprès du corps enseignant : « vous n’êtes pas seuls »,  « nous serons à vos côtés », « nous vous épaulerons ».

Une réforme en marche 

 

Najat Vallaud-Belkacem a rendu public, le 22 janvier 2015, son programme « Grande mobilisation pour les valeurs de la République ». Dans le but d’injecter morale, laïcité et citoyenneté dans les écoles, onze mesures ont été présentées. Elles seront toutes appliquées dès la rentrée scolaire de 2015. Les classes de l’élémentaire à la terminale seront concernées.


                                    
                                Najat Vallaud-Belkacem lors de l'annonce officielle de ses mesures pro citoyennes

Sans trainer, la ministre a déjà concrétisé un certain nombre de mesures. C’est le cas notamment pour les centaines d’« Assises de l’École » qui se sont tenues sur l’ensemble du territoire depuis le 9 février. Ces temps ont permis des échanges autour de la laïcité, la citoyenneté, la lutte contre les discriminations, le renfort des liens avec les associations et le développement de temps d’échanges entre les professeurs et les parents d’élèves.

Par ailleurs, entre le 11 mars et le 15 avril, 1 000 professeurs ont été formés aux notions de laïcité, de morale et de citoyenneté.

Enfin, 4 000 acteurs de la société civile se sont portés volontaires auprès de « La réserve citoyenne ». Ces intervenants extérieurs seront un soutien pour les professeurs en matière d’enseignement de la citoyenneté et de la laïcité, de l’éducation aux médias et à l’information.

Poudre aux yeux 


« Depuis Platon, il apparait clairement que le thème de l’éducation civique ressurgit régulièrement chaque fois que la société est incertaine de ses fondements, en proie à des troubles et dissensions qui menacent son existence ». Cette phrase est issue du livre de François Gauchet, écrit en…1998. Dans le même ouvrage, L’Éducation à la citoyenneté, l’auteur parle également de « politisation d’éducation civique et morale ».

Ceci mis en lumière, on constate que la réforme annoncée par Najat Vallaud-Belkacem n’a rien d’anodin. L’enjeu est de taille. Il faut que le président de la République se montre actif, responsable et engagé. Quoi qu’il en coûte, il faut prendre des décisions dans le but de restaurer les valeurs républicaines. Il faut absolument que ces actions soient relayées par les médias et frapper l’opinion publique. Il faut faire vite. Il faut rassurer les concitoyens. Il faut redorer l’image du président de la République. Le corps enseignant et les élèves sont un prétexte pour fédérer les français autour d’une seule thématique : la réélection de François Hollande.

Présidentielles de 2017 


Les valeurs républicaines sont donc au cœur des débats. Et cela va durer. Pour preuve, la réunion interministérielle du 6 mars 2015, intitulée « Égalité et citoyenneté : la République en actes ». Les valeurs de citoyenneté, laïcité, morale vont dépasser les murs de l’École. Ils vont s’infiltrer au sein de l’habitat, de l’immigration, des associations, des entreprises, etc.

Valls, Najat Vallaud-Belkacem et autres ministres sont au garde-à-vous devant leur président Hollande. Maintenant que le gouvernement a trouvé la formule magique avec le mot « République », ils ne lâcheront pas.

In fine, les valeurs de citoyenneté, de morale, de laïcité, seront très utiles pour empêcher l’abstentionnisme qui s’est manifesté lors des récentes élections départementales, pour lutter contre les votes en faveur du FN, pour préparer les régionales et...surtout…de préparer le terrain à un François Hollande déterminé à renouveler sa présidence à la tête de la France.

Dans l’opposition, Nicolas Sarkozy a compris tout cet enjeu. Le 15 avril, il a proposé de rebaptiser l’UMP en… « Les Républicains »… Cet homme, a le nez fin. L’ancien chef de l’État, ne cache plus, lui non plus, ses aspirations pour 2017. Cela sonne déjà comme le premier round d’un long combat des chefs entre Sarkozy et Hollande.

Par Thomas MASSON