La politique de la maison :

Ici, pas de copié-collé, tout est du 100% rédigé.
Une attention particulière est portée sur la région Ile de France et sur le département des Yvelines.


mardi 26 mai 2015

A Aubervilliers, on réconcilie la ville et la biodiversité

Ingrid Amaro, paysagiste et designer urbain, est depuis septembre 2013 la coordinatrice du projet artistique La semeuse, plateforme pour une biodiversité urbaine. Elle nous fait la présentation de son activité basée sur le quartier Quatre-Chemins d'Aubervilliers.


Ingrid Amaro dans le jardin en partage du projet La Semeuse - à ses pieds un artichaut et un chardon - crédit photo Thomas MASSON



Comment ce projet a-t-il vu le jour ?



Ingrid Amaro : La Semeuse, plateforme pour une biodiversité urbaine, est un projet artistique des Laboratoires d'Aubervilliers.

En 2010, Marjetica Potrč - architecte plasticienne - constate qu'à Aubervilliers il existe des communautés provenant du monde entier, mais qui ne se rencontrent pas. Elle voulait aussi valoriser l'historique d'Aubervilliers. Cette ville faisait partie de La plaine des Vertus et était le potager de Paris, avant la révolution industrielle.

Pour toutes ces raisons, elle estime que le jardinage constitue le lieu d'échanges idéal, de savoir-faire mais aussi de création de liens humains simples. Du coup, elle a proposé ce projet (durant sa résidence artistique au sein des Laboratoires d'Aubervilliers) et a instauré une activité d'échange de graines.


Vous êtes maintenant la coordinatrice de ce projet. Quelles sont ses évolutions ?



Le troc de graines est vraiment resté le cœur de l'activité. En ce qui me concerne, mon envie c'est d'intéresser les Albertivillariens à l' appropriation de leur espace de vie et ensuite, qu'ils reviennent à la terre par besoin ou par envie.



 Moment philosophique d' Ingrid Amaro - elle fait une réflexion sur notre mentalité urbaine.


Je souhaite qu'ils s'intéressent à l'architecture, à l'urbanisme de leur ville et qu'ils se rendent compte qu'il n'y a pas assez d'espaces verts, de végétaux en ville. Ma problématique, c'est d'intéresser les personnes : pour qu'elles s'assoient sur l'herbe, plantent des petites choses ou parlent des plantes.

Vous l'aurez compris, aujourd'hui notre projet c'est vraiment la relation entre les plantes et l'humain. Pour ce faire, cela passe beaucoup par notre jardin partagé, mais pas que.

Vue d'ensemble du jardin partagé - crédit photo Thomas MASSON


Nous organisons aussi des conférences, ateliers avec les enfants et adultes, repas partagés, randonnées (pour relier tous les jardins de la ville et rencontrer des jardiniers), la valorisation de friches abandonnées, le parrainage de plantes, des ballades intitulées Aux arbres citoyens (qui sont des manifestations pour défendre les arbres, à l'aide d'un mégaphone), etc.

Toutes ces activités ont-elles un coût pour le public ?


Toutes nos activités sont gratuites ! On ne voulait pas rajouter des frontières financières.


Propos receuillis par Thomas MASSON

lundi 25 mai 2015

Réparer au lieu de jeter : telle est l'ambition du Repair Café de Vauréal

Koffi Hukportie, mandataire social de l'association Générations Solidaires Val d'Oise, s'est lancé en avril 2013 dans l'aventure Repair Café. Installé dans la ville de Vauréal, ce lieu de réparation d'objets est l'un des tout premiers de France. Interview avec un homme animé par la solidarité et passionné de réparation.



Koffi Hukportie, mandataire social de l'association Génération Solidiare Val d'Oise et initiateur du Repair Café de Vauréal. - crédit photo Thomas MASSON



Avant de devenir un Repair Café, que faisiez-vous ?


Koffi Hukportie : Avant de monter le Repair Café de Vauréal, nous étions déjà une association - Générations Solidaires - créée en 2010. Son activité était de remettre en état de fonctionnement des vélos et du matériel informatique. On était déjà dans la réparation, pour la réutilisation, le réemploi de matériel. L'objectif était de donner une seconde vie aux objets abandonnés. Cette activité socioculturelle et d'apprentissage intergénérationnel de surcroit, a permis de créer un groupe soudé de passionnés de la réparation.

Quand on a découvert le Repair Café, fin 2012, c'était tout à fait par hasard. Le groupe s'est ensuite mobilisé : nous avons pris contact avec Martine Postma, la fondatrice du label. Elle nous a conseillé et fournit tous les éléments gratuitement pour réussir notre première manifestation.

Nous avons mis quatre mois pour monter l'un des premiers Repair Café de France. La municipalité de Vauréal a soutenu d'emblée l'initiative et nous a mis a disposition un local. Nous nous sommes aussi rapprochés de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat (du Val d'Oise), qui nous a mis en contact avec des artisans professionnels. Enfin, nous avons bénéficié de l'expertise, en matière d'organisation de manifestations, des agents de développement durable de la ville. La mairie a joué le jeu dès le départ, car elle est préoccupée par le bien-être des citoyens et s'active à encourager des solutions à la problématique de la protection de l'environnement.

 

Pouvez-vous expliquer le principe de votre Repair Café ?


Un Repair Café, c'est un label crée par Martine Postma. Le principe est simple : sensibiliser les gens à la réparation et lutter contre la production de déchets. Lors d'un Repair Café, événement libre et ouvert, nous apprenons à réparer ensemble.

On veut faire revenir les gens vers ce qu'il se faisait il y a quelques années. Avant, on fabriquait des objets pour 10 ans, 20 ans et même plus. Les objets passaient de génération en génération. Ce que nous voulons, c'est que les objets soient costauds et réparables. Nous souhaitons aussi que les métiers de la réparation renaissent de leurs cendres. 

J'en suis convaincu, les gens n'ont pas envie d'acheter pour jeter ! Ils jettent à contre cœur. Quand on répare des objets auxquels des gens étaient attachés, certains manquent de s'évanouir ! On voit aussi le bonheur dans leurs yeux. Lorsque quelqu'un voit renaître son objet...il n'y a pas de mots pour décrire son émotion !

Comment se passe le Repair Café de Vauréal ? 


On organise tous les samedis un mini Repair-Café, de 9h30 à 12h30. Une quinzaine de personnes viennent pour réparer, faire réparer ou réparer ensemble. On organise aussi une grosse manifestation de temps en temps. A cette occasion entre 200 et 300 personnes viennent faire réparer leurs objets.  Les interventions, pour redonner vie aux objets, sont gratuites. Et la gratuité ne rime pas avec médiocrité, car les réparateurs (Repair-Acteurs) ont un vrai savoir-faire.

Nos réparateurs sont soit des artisans professionnels, des retraités (nos bibliothèques vivantes), des jeunes de centres de formation, de lycées professionnels et techniques ou plus modestement, des passionnés de réparation.


"L'envie de réparer existe, c'est une véritable attente" - Koffi Hukportie. Crédit photo Thomas MASSON


Et puis, il y a aussi l'aspect social. Le Repair Café est une manifestation conviviale : cela est capital dans la démarche. On ne vient pas que pour réparer ! On vient aussi à la rencontre d'autres personnes, on partage des savoir-faire. Ce phénomène de convivialité est déterminant dans la démarche.


Quels types d'objets êtes-vous capable de réparer ?

 

On répare presque tous les objets qu'on utilise au quotidien ! Nous pouvons réparer le petit électroménager domestique (cafetière, robots,...) et le matériel numérique (tablette, téléphone, ordinateur,..). Nous réparons aussi du mobilier, des habits, bijoux, lunettes, outillage de jardinage.


Pour vous, ce Repair Café est-il une réussite ?

 

On a vu que la démarche répondait à une véritable attente. Lors de notre première manifestation, 400 personnes sont venues. Et depuis, l'affluence n'a pas faibli. Tout cela a déclenché un mouvement d'initiative citoyenne.

De plus, les gens abandonnent moins leurs objets : à chaque manifestation "grand public" nous récupérons entre 200 et 300 kg d'objets. Cela me faire dire que nous luttons toutes les semaines contre le gaspillage !

Une activité comme celle-là, qui passionne les habitants, on se dit qu'on est sur la bonne voie ; tout simplement. L' engouement est durable, voire durable. D'ailleurs, l'essaimage se poursuit au fil des mois, puisqu'il existe maintenant quatorze Repair Café sur le Val d'Oise.

Enfin, nous avons rendez-vous aujourd'hui (19 mai) avec la communauté d'agglomération des Deux Rives de Seine. C'est le deuxième entretien que nous avons avec ses représentants. Nous pensons pouvoir accompagner avec succès la création du premier Repair Café des Yvelines, qui devrait bientôt voir le jour à Andrésy !


Propos recueillis par Thomas MASSON


mardi 19 mai 2015

PariSolidari-Thé : l'événementiel convivial, de proximité et de l'artisanat

Depuis août 2014, Flora Doubilet a mis sur pieds l'entreprise PariSolidari-Thé. Sa vocation première est de favoriser la rencontre entre des curieux et des artisans passionnés. Interview d'une auto-entrepreneur qui fait de l'Ile de France un terrain de convivialité.


 
La souriante Flora Doubliet, créatrice de PariSolidari-Thé

 

Quelle a été ta motivation pour mettre place un tel service d'événementiel ?

 

Flora Doubilet : J'ai travaillé dans une Alliance française, au Pérou, où j'organisais tous les événements culturels de la structure. En quittant mes fonctions, je voulais transposer cela de manière plus sociale, participative et à prix libre. Ce qui m'anime, c'est le fait de rencontrer les personnes !

Au départ, mon idée de base était de créer un café culturel, un lieu de lien social. Faute de fonds, j'ai décidé de créer PariSolidari-Thé, en août 2014. Depuis novembre je travaille à temps-plein sur le projet. Même si c'est le démarrage, j'ai déjà reçu des demandes pour exporter l'activité dans d'autres villes de France !

 

Quel est le concept miracle de PariSolidari-Thé ?


L'objectif principal est de créer du lien, sur Paris et sa banlieue. PariSolidari-Thé permet de rencontrer des passionnés (artisans, producteurs, créateurs,...) qui souhaitent partager leur savoir-faire, leur passion et leur métier. Les curieux découvrent ainsi les coulisses de l'univers de ces passionnés.

Pour ce faire, j'ai mis en place quatre formules : des "visites-rencontres" où les gens se déplacent chez les passionnés et échangent avec eux ; des "ateliers-découvertes" où les participants apprennent par exemple à faire des macarons ou du scrapbooking ensemble et repartent avec leurs propres créations ; des "parcours culturels & solidaires" permettant de découvrir des lieux solidaires et atypiques dans Paris, qui ont lieu une fois par mois dans un café associatif, afin de favoriser le troc d'objets, de bons plans ou de compétences.

A la fin de chaque activité, je mets en place des pauses conviviales. Elles permettent aux curieux d'échanger sur l'événement, mais également pour faire connaissance, autour d'une boisson ou d'un plat de ma création. J'aime bien cuisiner, ça me fait plaisir !


Flora Doubilet, dans le brouhaha d'un café, évoque le rôle de ces pauses conviviales. 
Elle parle aussi de deux de ses plus fidèles participants...  
Crédit Thomas MASSON

Tous ces événements permettent de faire rencontrer des personnes qui ne se connaissent pas, de découvrir le parcours génial des artisans et de prendre le temps d'échanger tous ensemble !

Peux-tu donner des exemples de passionnés que tu fais rencontrer ?


Mon premier premier atelier s'est déroulé chez le boulanger au coin de ma rue, à Maisons-Laffitte (Yvelines). Quand je suis allée le voir, mon projet l'a tout de suite enthousiasmé. Au cours de cet atelier, les participants ont réalisé eux-mêmes leur propre baguette.

Géraldine, apicultrice - crédit PariSolidari-Thé

Depuis, de nombreuses autres rencontres ont eu lieu. Je pense notamment à celle avec Guillaume, vigneron de Suresnes ; chez Frédérique, créatrice de confitures naturelles (14e arrondissement de Paris) ; chez Géraldine une apicultrice située à Maisons-Laffitte ;  ou encore avec Damien et Oumar, à Alfortville (Val-de-Marne), pour découvrir le compostage et faire un parcours d' "éco-jardins" à travers la ville.


Guillaume, viticulteur urbain de Suresnes - crédit PariSolidari-Thé


J'ai également organisé une rencontre avec Loïc, producteur maraicher pour une AMAP, au sein d' un jardin participatif de Paris. Nous étions à l'étroit, entre deux immeubles, mais nous nous sentions comme à la campagne. Quel plaisir de trouver ce genre d'endroit dans Paris !  Le dernier exemple de rencontre auquel je pense, est celle avec Frédéric. Suite à un séjour en Amazonie, ils s'est passionné pour les fèves de cacao. Dans sa manufacture de Montreuil (Seine-Saint-Denis), il a expliqué à une trentaine de personnes toutes les étapes de fabrication d'un chocolat bio.

As-tu d'autres idées pour étoffer ton activité ?


Je souhaiterai aller, en bus ou en car, avec un groupe de 15 à 20 personnes, à la rencontre des exploitants agricoles d'Ile de France. Leur métier est méconnu et peu médiatisé. Or, le fonctionnement d'une exploitation agricole est passionnant. Cette rencontre nous permettrait de mieux appréhender leur quotidien en passant une journée entière sur place. C'est vraiment une formule qui me tient à cœur.

Quels sont tes prochains événements à venir ?


La liste de passionnés s'agrandit vite. Beaucoup d'événements sont à venir. Concrètement, nous allons partir le vendredi 22 mai à la rencontre d'Anne-Marie au Cafézoïde, le café associatif des enfants. Les parents pourront ainsi faire du troc et avoir une discussion autour de l'éducation. Le lendemain, nous irons découvrir Laurent et Olivier, deux apiculteurs situés dans le 18e arrondissement, à Barbès . Et pour finir, nous visiterons (le 27 mai) La Montreuilloise, la brasserie bio et artisanale fondée par Jérôme !


Propos receuillis par Thomas MASSON
@Alter_Egaux