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jeudi 15 août 2019

Le pèlerinage de Notre-Dame de Vassivière





crédit photos : père Jacques David


Du 2 juillet au dernier dimanche de septembre, juste après la Saint Mathieu, se rejoue chaque année le pèlerinage de Notre-Dame de Vassivière (diocèse de Clermont). Trois mois intenses de dévotion populaire, où les pèlerins expérimentent le sens de la Croix, cheminent intérieurement et collectivement sur les voies qui mènent au cœur de la foi chrétienne.

La procession tire son origine de la guérison d'un marchand dans les années 1547. Ce dernier était devenu aveugle et il implora la Vierge noire locale pour recouvrir la vue. Miracle qui lui fut accordé.

Organisation
Chaque bénévole de la paroisse se connaît, entre eux c'est comme une confrérie. Chacun et chacune maîtrise au fil du temps et des transmissions, son rôle et le déroulement du pèlerinage. Ce qui réduit considérablement les réunions préparatoires. Cela permet aux différents acteurs de ce pèlerinage de s'activer majoritairement à partir du mois de juin, presque au dernier moment.
À partir de cette période, le père Jacques David finalise la rédaction de son livret qui sera utilisé par les pèlerins. En même temps, il établit une thématique spécifique, souvent inspirée par celle de Lourdes. Pour l'édition de cette année, la thématique est encore à l'étude et pourrait porter sur le Synode des jeunes. En parallèle, des affiches et des dépliants sont envoyés au PRTL (service de Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs), dans chaque paroisse du diocèse de Clermont et à certaines communautés religieuses comme les capucins. Y sont communiqués les numéros de téléphones pratiques, l'itinéraire du pèlerinage, toutes les dates des célébrations de l'été, un résumé historique de cet événement. Ensuite, une vingtaine d'hommes et de femmes se réunissent à Vassivière pour un grand nettoyage, le lieu étant fermé au public depuis neuf mois. La chapelle, la salle d'accueil, l'auberge, la chapelloune (nom donné à l'édifice qui protège une source d'eau) et la boutique sont passées au peigne fin. Les bancs et chaises sont remis en place. Les uns passent le balais, les autres l'aspirateur. Les draps qui protégeaient les statues de l'humidité sont retirés. Les mauvaises herbes sont arrachées. Les saints sacrements sont mis en place. Les cierges fondus sont grattés et remplacés par des neufs. Trois dames apporteront au dernier moment des bouquets de fleurs de leurs propres jardins. Par ailleurs, les objets de piété (chapelets, croix, médailles, livrets, etc.) sont sortis de leurs cartons et entreposés avec soin dans le magasin de souvenirs, tenus par des bénévoles. Quand juin s'achève et que les préparatifs sont terminés, les paroissiens impliqués se retrouvent tous ensemble pour un repas convivial dans l'auberge de Vassivière. C'est à cette occasion notamment que sont désignés les quatre porteurs qui auront le privilège de sortir la statue de la Vierge noire de l'église Saint-André de Besse, le 2 juillet lors de la « Montée » et de la rentrer à nouveau lors de la « Dévalde », fin septembre.

Reines et porteurs
Le pèlerinage commence le 2 juillet, en rapport avec ce qui fut jadis le jour de la Visitation. Une foule de 500 à 700 pèlerins participe alors à la « Montée » : la statue de la Vierge noire de l'église de Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-de-Dôme) est transportée à la chapelle de Vassivière, située dans les hauteurs et à 8 km de marche. La procession est marquée par des temps de prières, des chants, un chemin de croix et ses quatorze stations célébré pendant une trentaine de minutes, d'une dernière halte pour chanter Salve Regina et boire à la source une eau pure de montagne qui aurait diverses vertus de guérisons.
Lors de la « Montée », la statue de la Vierge noire est soutenue par des porteurs et entourée de « reines ». Ces femmes et hommes sont distingués comme tels, grâce à leur foi, leur attachement à ce pèlerinage, par une transmission familiale ou par un parrainage. François Verny, la cinquantaine, brasseur sur Super-Besse, est porteur depuis 7 années. Son grand-père aussi avait cette fonction. Sa grand-mère était quant à elle reine, rôle que sa sœur assure actuellement. « Pour moi, témoigne-t-il, être porteur n'est pas une parade, ni un concours. Cet engagement est vraiment un cheminement spirituel, une connexion à ma famille et à ce territoire. C'est aussi un moment privilégié pour me rapprocher de la Vierge, mère de tout le monde, et me sentir porté par elle ». Lors de la procession, six reines sont reliées, par des rubans blancs et bleus, à la châsse qui protège la Vierge Marie. Autour du cou elles ont des médaillons représentants la Vierge locale et brandissent un drapeau à son effigie. Les porteurs sont équipés de bâtons de pèlerins blancs et bleus et de brassards aux mêmes couleurs. Par équipes de quatre, ils se relaient pour porter sur leurs épaules la châsse soutenant la statue de Marie.

Trois mois de temps forts
Une fois la « Montée » accomplie, les trois mois de pèlerinage commencent. Tous les jours une messe est donnée dans la chapelle Notre-Dame de Vassivière, à 11h. Elles sont assurées par des chapelains du diocèse, mobilisés à tour de rôle sur une semaine. Ces derniers peuvent effectuer des confessions sur place. Les dimanches une messe supplémentaire est célébrée à 17h. Les vendredis, l'équipe du rosaire anime une prière mariale. Le 15 août deux messes sont célébrées, ainsi qu'une prière mariale à 15h. À la Saint Louis et la nativité de la Vierge des célébrations spécifiques ont lieu. Le sanctuaire est ouvert aux autres paroisses que celle de Sainte Marie des Lacs et des Couzes. Celles-ci peuvent venir et co-animer des messes avec leurs propres prêtres, comme le fit la paroisse de Nantes par exemple. Des écoles catholiques sont même venues plusieurs années de suite pour permettre à des élèves de 6e de passer une journée sur place.
Madame Éliane Farget, professeure à la retraite, est membre de l'équipe chargée de l'accueil des pèlerins depuis 17 ans et s'occupe avec d'autres bénévoles de la boutique du site. Elle est de plus en plus attachée à cette chapelle ainsi qu'à ce moment de dévotion populaire : « Là-haut, le paysage est magnifique. Il y a de la sérénité, du calme. Cela permet aux pèlerins de rencontrer d'autres personnes ou de se confier à nous, dans un climat propice. Le site est idéal pour s'écoute et méditer. »

Pincement au cœur et nouveau départ
Lorsque la « Dévalade » a lieu, le dernier dimanche de septembre, sous les feux d'artifices et coups de fusils, le pèlerinage se termine. Trois mois de dévotion populaire cessent et tout le monde reprend un train de vie normal. « C'est extraordinaire de voir des gens se mettre en route, en quête d'un idéal, d'un absolu, de prendre un temps de recul pour relire leur vie à la lumière de l’Évangile. Certains sont changés par l'esprit du Christ qui germait en eux et qui s'est finalement déployé » confie le père Jacques David, en charge du pèlerinage depuis six ans.


Thomas Masson
Les Cahiers Prions en Église, n°263

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