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vendredi 5 juin 2015

Les Laboratoires d'Aubervilliers, un centre d'art relié à la réalité

Les Laboratoires d'Aubervilliers est une association où l'art est connecté à la réalité culturelle, sociale, politique, et aux transformations de nos sociétés contemporaines. Interview de Marie-Laure Lapeyrère, chargée de communication, qui nous présente les activités de ce centre d'art et qui annonce le rendez-vous public annuel « Le Printemps des Laboratoires : Performing Opposition ».


Marie-Laure Lapeyrère, responsable de communication - crédit photo Les laboratoires



Pouvez-vous décrire le rôle de l'association ?


Marie-Laure Lapeyrère : Les Laboratoires d'Aubervilliers, sont créés sous la forme d’une association en 1994 à l’initiative du chorégraphe François Verret et à l’invitation de Jack Ralite, maire d’Aubervilliers à l’époque. Installé dès 1993 dans les 900 m2 d’une ancienne usine de métallurgie fine, cet espace est investit pour en faire un lieu de création artistique et d’échanges transdisciplinaires, ouvert de manière volontariste sur la ville, son histoire et ses habitants.

En 2001, François Verret confie à une équipe constituée par Yvane Chapuis (historienne de l’art), François Piron (critique d’art) et Loïc Touzé (chorégraphe), le soin de proposer et mettre en œuvre un nouveau projet artistique. Les Laboratoires ont ainsi développé un projet axé sur la recherche et l’expérimentation en suivant quatre lignes de travail : la production, l’ouverture au public, la formation et l’édition.

La direction actuelle, en place depuis 2013, est composée d’Alexandra Baudelot (critique et curatrice), Dora Garcia (artiste) et Mathilde Villeneuve (critique et curatrice). Elle a mis en place une programmation dite satellite et développé depuis trois ans un rendez-vous public annuel, intitulé Le Printemps des Laboratoires.


Enfin, la spécificité des Laboratoires d’Aubervilliers est d’inviter en résidence des artistes aux pratiques plurielles : de la danse à la performance en passant par les arts plastiques, visuels et la création littéraire ou théâtrale. Ce qui intéresse la direction c’est de faire en sorte que les invitations qu’elle adresse aux artistes se fassent l’écho de la pluralité des pratiques et questionnements qui animent aujourd’hui les productions plastiques à l’internationale, en Europe, ainsi qu’en France, à l’image d’un monde ouvert et en mouvement permanent.




Aperçus du centre d'art situé au 41, rue Lécuyer -  93300 Aubervilliers - crédit Thomas MASSON


Travaillez-vous avec des artistes confirmés ou plutôt émergents ?

Les artistes qui sont invités aux Laboratoires ne peuvent pas réellement être considérés comme émergents. Pour la plupart, ce sont des artistes ayant un certain nombre d’années d’expériences, ayant également exposés dans des lieux identifiés et dont le travail est, pour une grande part, déjà reconnu à l’étranger mais peu en France.

 

Pouvez-vous préciser ce qu'est Le Printemps des Laboratoires ?

C'est une plateforme publique ouverte à tous. Elle propose d’interroger collectivement les enjeux constitutifs de l’art dans sa relation aux transformations de nos sociétés contemporaines

Depuis sa mise en place, en 2013, c'est un rendez-vous public annuel, qui dure en général un weekend, pendant lequel sont rassemblés théoriciens, historiens, artistes, activistes et le public, avec un soucis de dé-hiérarchiser la parole autour d'une thématique précise. L’organisation des espaces permet en effet de faire s’assoir tous les participants les uns à côtés des autres, créant un dispositif discursif ouvert permettant d’interroger les mutations de la société, au regard des pratiques artistiques.

Illustration du programme "Performing Opposition" - photo de l’Égyptien Mohamed El-Shahed, prise le 26 novembre 2013 au Caire.

Cette troisième édition du Printemps des Laboratoires s’attache cette année à la thématique Performing Opposition, que l’on pourrait développer brièvement ainsi : Comment "performer" l’opposition dans l'espace public ? En retournant notamment vers la naissance des avants-gardes au XIXe et les engagements des artistes dans des mouvements de contestations et de révoltes sociales récentes – tels les soulèvements en Egypte en 2013 -, il s’agira d’explorer l’art dans sa relation à la polis à contre-courant des pouvoirs institués.

Organisez-vous des événements artistiques en lien avec les habitants d'Aubervilliers ?

Oui. Les Laboratoires s'attachent depuis deux ans à développer un lien avec ce territoire, avec les gens qui y habitent ou qui y travaillent. Il est notamment demandé aux artistes invités de développer, dans leur projet de résidence, une relation entre leur projet et ce territoire.

A titre d'exemple, Dieudonné Niangouna, né à Brazzaville au Congo (en résidence entre février 2014 et juin 2015), a développé un projet théâtral autour de sa fascination pour le KungFu. Il a notamment travaillé avec des habitants d'Aubervilliers sur la réalisation de courts métrages qui reprenaient des scènes mythiques de films. Cela a permis de construire un spectacle public entre le théâtre et le cinéma, où ces « remake » de scènes célèbres étaient projetés comme des ponctuations à son texte qu’il était seul à dire sur scène.

L'autre projet artistique a été mis en place par l' auteure et metteur en scène belge, Sylvie Cornet. Elle a beaucoup travaillé avec une enseignante et deux classes du lycée professionnel Jean Pierre Timbaud. Les élèves se sont questionnés sur la notion de "performer", de se réapproprier l'espace public. Ils ont trouvé deux slogans: Je vous dérange ? et l'autre, Non. Ils en ont fait des pancartes et ils sont partis avec dans la ville, afin de se réapproprier l'espace urbain.

Enfin, Katinka Bock, artiste allemande, va faire une exposition dès la mi-octobre 2015. Elle a développé un projet artistique d'échange de dons et contre-dons avec les commerçants d'Aubervilliers. En échange d’une sculpture qu’elle leur a donné et que ces commerçants doivent « exposer » au sein de leur boutique, elle leur a demandé un objet qu’ils vendent. Elle a ainsi reçu une  baguette de pain, une écharpe, etc. Ces objets-là seront intégrés dans des sculptures en terre qui seront cuites au four, l’objet donné fera ainsi littéralement corps avec la sculpture.

Tous ces projets, assez différents, sont un bon exemple de lien avec le territoire, que notre association tient à développer.

Quel type de public accueillez-vous au sein de vos locaux ?


Le plus varié et divers possible ! L'idée c'est à la fois de mêler le public d'Aubervilliers, de Pantin, La Courneuve, à celui de Paris, On essaie de toucher et faire venir tous ces publics là.


Propos recueillis par Thomas MASSON


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